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samedi 15 février 2014

La limace et l'escargot

Par ce matin de velours, à l'étoffe brumeuse
Un escargot aux allures diplomates
Chez sa voisine la limace, se rend en toute hâte.
Des lustres, qu'il réfrène son humeur râleuse.

Son haut-de-forme vissé, coquille lustrée
Impossible de retenir ce mucus râleur.
D'une trainée décidée, tête renfrognée
Auprès de sa cousine, il vient dire son malheur.

Étendue sur une jeune pousse d'oseille,
Il la trouve dans le plus simple appareil.
« Comment osez-vous jeune dépravée ainsi,
Aux yeux de tous, vous exposer sans le souci ? »

La limace de la sorte interpellée,
Qui sur son fondement dû alors se poser,
Répondit à son cousin aux antennes tendues,
« Bonjour voisin ! Quelle visite bien impromptue!

Vous êtes bien joli ce matin, mon frère,
D'un bal, d'une réception, vous fûtes l'attrait ? »
Loin d'être bercé par cette liqueur amère,
L'escargot plein de son ire et courroucé:

«  Vous êtes le déni de notre société,
ici point de famille, que moralité.
Votre nudité est un affront outrageant,
Au moins, d'une étoffe couvrez votre séant !

Sans cesser son repas, la bouche en feuillée,
La limace répliqua avec empathie;
« Comme je vous comprends, j'en suis moi-même navrée,
Je suis née telle, Dieu sait que je vous envie !

« Cessez ce discours flatteur, je ne suis pas sot,
hurla l'escargot. Moquez-vous tout votre sou,
Mais pareille carapace sur votre dos
Vous protégerait, et serait mille atouts.

"Je ne me moque, ni ne veux vous provoquer,
De la campagne, vous êtes des plus coquets.
Votre armure de mille éclats brille,
Tous rêveraient d'une si belle coquille.

À ces mots, l'escargot se sentit décoller,
Jamais on ne l'avait flatté de la sorte.
Un sentiment si fort qu'il se sentait ailé,
Une si douce flagornerie le transporte.

"Voyez mon cousin, comme vous avez de l'attrait,
tous en bavent face à votre belle carapace
à tel point que cet homme vous chasse, vous ramasse.
À cet instant, n'enviez-vous pas ma nudité ?

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